• Year of manufacture 
    1937
  • Car type 
    Convertible / Roadster
  • Engine number 
    824562
  • Lot number 
    235
  • Competition car 
    Yes
  • Reference number 
    823885
  • Drive 
    RHD
  • Condition 
    Original Condition
  • Interior colour 
    Brown
  • Number of seats 
    2
  • Location
    France
  • Exterior colour 
    Blue
  • Drivetrain 
    2wd
  • Fuel type 
    Petrol

Description

C’est dans l’Emilie Romagne, à Bazzano, situé entre Maranello et Bologne, non loin de Modène, que nait le 23 juin 1899 Amédée Gordini. Mais au début du XXe siècle, la région est pauvre et le travail rare. Passionné de mécanique et fasciné par Paris, le jeune Amédée décide d’y partir au début de 1925.

Très rapidement, il trouve un travail dans le garage Cattanéo à Saint Cloud et se loge à proximité, rue de La République à Suresnes. Au printemps 1926, il emprunte pour acheter un local (une ancienne écurie) au 120 de la même rue, pour créer son garage personnel de réparation et d’entretien d’automobiles de toutes marques. En 1928, il obtient le panonceau Fiat et du 17 au 20 mars 1930, il participe à sa première course, le rallye Paris-Nice, avec sa Fiat 514 personnelle.

En 1934, la société SIMCA est créée pour fabriquer en France des Fiat Balilla à Nanterre. Avec son roadster Balilla Coppa d’Oro qu’il a considérablement modifié et amélioré, Gordini remporte de nombreux succès qui lui permettent d’entretenir de très bons rapports avec la direction de Simca. Sa victoire très médiatisée au Bol d’Or 1935, lui rapporte une prime de 20.000-Fr de Simca avec qui il signe un premier contrat sur les résultats obtenus et pour préparer deux Simca Cinq de course.

Durant l’été 1937, dans le plus grand secret, Gordini reçoit une des toutes premières nouvelle Fiat Balilla 508 C type 8 (commercialisée sous le nom de Fiat 1100 en Italie et de Simca 8 en France) pour la transformer en voiture de course, avec la consigne de ne pas la montrer avant un accord de Simca (le modèle de série sera présenté au Salon de l’Auto de Paris 1937).

Dans l’atelier Gordini de Suresnes, la carrosserie est immédiatement déposée. Plusieurs goussets sont soudés pour rigidifier le châssis qui reçoit quatre amortisseurs à friction en plus de ceux hydraulique d’origine. Des tambours de frein en aluminium avec des moyeux Rudge et des roues à rayons « fil » et jante en tôle, remplacent ceux d’origine. Le réservoir d’essence d’origine, en porte-à-faux arrière, est remplacé par un autre positionné au centre, juste derrière le dossier des sièges et sur la droite, pour compenser le poids du pilote.

Sur le moteur, la culasse est rabotée et les chambres de combustion, tout comme les conduits, sont soigneusement polis. Le vilebrequin et les bielles sont équilibrés, alors que le volant moteur est allégé. Pour la carrosserie, Amédée Gordini la dessine dans un style proche de celui des deux Simca Cinq Gordini, mais avec les ailes rattachées à la partie centrale. C’est le charpentier Launay de Suresnes, qui dessine le grand plan à l’échelle 1, avec toutes les sections et la fine charpente en frêne, qu’il réalisera. Gabriel Beausser, tôlier-formeur engagé par Gordini en 1936, martel avec une très grande dextérité la tôle d’aluminium de 1mm et de dural de 0,8mm d’épaisseur. L’ensemble est très profilé avec la portière droite plus petite que la gauche et le dessous du châssis, entièrement caréné. La calandre, ornée de l’insigne Simca-Fiat, reprend la forme de cœur de la Simca 8.

Alors que la première Simca-8-Gordini se termine, le « Sorcier » ne pense qu’à en fabriquer une seconde à la carrosserie différente. Henri-Théodore Pigozzi, PDG de Simca, donne son accord, mais demande à ce qu’aucune des deux Simca-8-Gordini ne soient engagées en course avant le Bol d’Or 1938 !

A cette époque, la course du Bol d’Or a un retentissement médiatique aussi important que celui des 24 Heures du Mans. Il s’agit également d’une course de 24 heures, mais avec un seul pilote qui peut être aidé par un mécanicien à son stand ou sur le circuit s’il est alors passager de la voiture. La cylindrée est limitée à 1500cc avec des classements en catégorie Course et Sport, 1100cc, 750cc et 500cc. Pour sa première sortie, la Simca-Gordini de 1937, arbore sa nouvelle immatriculation 726-RL8.

L’épreuve se dispute sur le circuit de 5km de Montlhéry, empruntant la bretelle des « Quatre Bornes ». Le dimanche 5 juin à 17h30, juste après l’arrivée du Bol d’Or des motos, le départ est donné façon Le Mans. Au premier tour, c’est la Riley 1500 de Marcel Contet qui passe en tête, devant l’Amilcar 1100 de Georges Grignard et la Simca-Gordini d’Amédée Gordini, qui suit un tableau de marche très précis, de concert avec Jean Breillet sur la Balilla-Gordini. Ils sont soutenus au stand par Suzanne, la compagne d’Amédée, qui gère l’intendance, les mécaniciens Athos, Libère et Loris, ainsi que le tôlier Gaby Beausser.

Après six heures de course, alors que la nuit est tombée, Contet est toujours leader devant Breillet et Gordini. A quatre heures du matin, la Riley faiblit et Breillet et Gordini en profitent pour la dépasser. La moyenne est alors de 106km/h. A la mi-course, Contet, qui demande beaucoup à sa Riley, repasse en tête, mais à 9h28’, un piston percé le contraint à l’abandon.
Amédée Gordini accélère son rythme pour passer Breillet et mener rapidement la course en lui prenant quatre tours en deux heures! Sans avoir rencontré le moindre problème, la Simca-Gordini 726-RL8 – châssis n°823885 (numéro correspondant vraisemblablement à la série Fiat) remporte magistralement sa première course après avoir parcouru 2456,334kms à 102,347km/h de moyenne. Ce coup d’éclat publicitaire enchante la direction de Simca qui rembourse tous les frais engagés par Gordini pour cette course, plus un prime de 35.000-Fr (le prix d’une berline Simca 8 est alors de 23.900-Fr).

Dix jours plus tard, pour les 24 Heures du Mans 1938, Amédée Gordini pilote avec José Scaron, sa deuxième Simca-8-Gordini, immatriculée 735-RL8 – châssis n°803068 et confit la vainqueur du Bol d’Or à l’équipage Jean Viale et Jean Breillet. Ils abandonnent au 110e tour, après l’éclatement d’une durite d’huile, peu avant celui de Gordini au 139e tour, pour la même raison. Pour le reste de l’année, la Simca-Gordini 726-RL8 est confiée à Jean Breillet, mais toujours engagée par l’Ecurie Gordini. Il abandonne aux 24 Heures de Spa-Francorchamps, termine 7e du Grand Prix de La Baule et 3e de la Coupe du Casino. Le 3 septembre, au célèbre Tourist-Trophy à Donington-Park, Breillet est 1er de la catégorie 1100cc. Si aux 12 Heures de Paris c’est un nouvel abandon, la saison se termine par une victoire de catégorie à la Course de Côte Lapize. Pendant l’inter-saison 1938/1939, la portière droite est mise aux dimensions de la gauche.

Pour les 24 Heures du Mans 1939, Amédée Gordini construit une troisième Simca-Gordini sur base d’un châssis de Simca 8 modifié (810404). Mais auparavant, c’est entre les mains de la première (823885) que Robert Cayeux termine 7e du Rallye Olazur et 2e du Grand Handicap à Montlhéry. Aux 24 Heures du Mans, elle est confiée à Guy Lapchin et Charles Plantivaux qui se classent 13e au classement général et 2e de la catégorie 1100cc et de la Coupe Biennale remportée par le « Patron ». Le 9 juillet à Reims, Joseph Paul termine 6e et 3e de catégorie. Mais la deuxième guerre mondiale est déclarée ! En 1940, une bombe destinée à l’usine Talbot de Suresnes, s’abat au 122 de la rue de La République, endommageant fortement l’atelier Gordini voisin. Amédée Gordini est contraint de déménager et loue un grand atelier au 69/71 boulevard Victor à Paris 15e.

Après la libération, Gordini vend la Simca-Gordini 823885 à l’Ecurie Blanche et Noire d’Ernest Friederich à Nice. Elle est alors engagée dans la Coupe Robert Benoist, où elle retrouve les deux autres Simca-8-Gordini, avec Robert Cayeux qui se classe 7e. En 1946, Albert Alin achète la Simca-Gordini 823885 et l’immatricule 1035-FE4, et c’est sans-doute à ce moment que la plaque de châssis avec l’insigne Simca-Fiat est remplacée par une plus récente avec l’insigne Simca à l’hirondelle. Il termine à des places honorables les sept courses où il est engagé, toujours par l’Ecurie Gordini, puis à partir de mai, par l’Equipe Gordini Simca, en raison du nouveau contrat de sponsoring, qui sera renouvelé jusqu’en 1950.

Le pilote amateur Jacques Lapaillerie, de Bordeaux, se porte acquéreur de la Simca-Gordini 823885 en 1947. Il la modifie (entre 1947 et 1953) en passant la direction et le pédalier de gauche à droite, la batterie de droite à gauche, en posant un large pare-brise plat et en installant un moteur d’Aronde. Il s’engage dans le Grand Prix de Bordeaux 1953 où il se classe 4e, ce qui est la dernière course connue de 823885.

En 1963, le grand collectionneur Christian Chassaing de Borredon, achète la Simca-Gordini 823885 à Jacques Lapaillerie et pose l’immatriculation 6299-SE-75 qui est aussi celle…de sa Peugeot moderne ! Il possède la maison Abbatiale du Bec-Hellouin ou en 1968 il ouvre un musée dans le parc, pour y exposer sa très belle collection d’automobiles de différentes époques, dont plusieurs de course, sa grande passion. Lors des Grand Prix de Rouen, il aimait inviter dans sa grande demeure de nombreux pilotes de Formule 2, à qui il confiait volontiers ses voitures de collection pour une promenade dans la région. C’est ainsi qu’en 1970, la Simca-Gordini 823885 est conduite par Emerson Fittipaldi (futur Champion du Monde 1972 et 1974), avec comme passager, son frère Wilson.

Après le décès de Ch. Chassaing de Borredon en 1986, c’est son épouse Colette qui reprend la gestion du musée et de la propriété. La Simca-Gordini est alors immatriculée 3339-SP-27. Mais cela est trop lourd à gérer et en 1993, elle cède l’ensemble de la propriété et du musée à Jean-Paul Lafuge qui possède le garage Athanée à Paris. Les voitures sont ainsi dispersées petit à petit et le propriétaire actuel achète la Simca-Gordini 823885 à la fin des années 1990 et l’immatricule 917-BRV-78, puis 8244-XF-94. Elle est exposée en 2012 et en 2018 au Mans Classic parmi les voitures historiques ayant véritablement participées aux 24 Heures du Mans, où elle obtint le Prix Fiva 2018.

Il n’y a eu que trois Gordini fabriquées sur la base d’un châssis de Simca 8 modifié, toutes différentes. Celle de 1939 se trouve dans la Collection Schlumpf – Musée Nationale de l’Automobile, celle de 1938 se trouve dans la collection de Christian Huet et celle de 1937 est proposée à la vente, ce qui est une opportunité exceptionnelle d’acquérir une véritable automobile unique et historique, éligible dans de nombreuses manifestations.
Avec cette unique Simca-Gordini de course est joint un moteur Gordini tout aussi rare, réalisé sur la base de certains éléments Simca. Amédée Gordini avait conservé ce moteur, boulevard Victor à Paris, avec d'autres moteurs de sa fabrication. Après son décès en 1979, son fils Aldo l'a donné avec, entre autres, la monoplace 01GC, au musée du Bec Hellouin qui la fait restaurer et installer dans monoplace.
Examen visuel sans démontage: Le bloc moteur en fonte n'a pas de numéro, mais une référence de fonderie du 22-8-47. Il a trois paliers et sur le côté droit deux sorties et deux entrées d'huile pour un réservoir et un radiateur d'huile. L'entretoise en alu entre le bloc et le carter d'huile ainsi que la connexion provisoire de ses orifices, indique qu'il y a deux pompes à huile superposées pour une lubrification à carter sec. A l'arrière du bloc il y a la fixation pour un support de boîtier de direction. Le volant moteur fixé par quatre boulons est d'origine Gordini tout comme le vilebrequin.
La culasse n°265-47 a été légèrement rabotée de 2mm environ. La pipe d'admission et le collecteur d'échappement sont d'origine Simca, le carburateur est un Solex de 40 et il y a une pompe à eau. Le carter des culbuteurs a un reniflard d'huile et deux écrous de fixation réalisés par l'atelier Gordini. Sans démontage il n'est pas possible de savoir s'il a de grandes soupapes et des ressorts renforcés. Ce type de moteur avait une puissance de 75cv en 1947/48 pour une cylindrée de 1220cc, qui est peut-être celle de ce moteur.

Texte de Christian Huet


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