1934 Bugatti Type 57 Stelvio
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Year of manufacture1934
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Car typeConvertible / Roadster
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Chassis number57109
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Engine number11
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Lot number44
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ConditionUsed
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Interior colourRed
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Location
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Exterior colourRed
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GearboxManual
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Drivetrain2wd
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Fuel typePetrol
Description
BUGATTI TYPE 57
Châssis 57109 moteur 11
Cabriolet 4 places par Bugatti
Le châssis type 57 moteur 11 est assemblé à l’usine en mars 1934 ainsi que les châssis à moteurs 9-10-12 et 14.
La Facture de l’usine est éditée le 29 mars 1934 au compte de l’agent Bugatti d’Alger M. Sagnier pour 58.265 ff.
Le même jour, le Registre de vente indique bien « 57109/11. Sagnier. Cabriolet. 29.3.34 »
Le Registre de la Carrosserie Bugatti note « Cabriolet 57/11- 31/3 -57109/11 »
Le Registre d’acheminement indique que le Cabriolet 57109/11 est expédié par la route chez Sagnier le jeudi 29 mars 1934.
Cela signifie que la voiture est conduite de Molsheim à Marseille par un ouvrier de l’usine avant de rejoindre Alger par bateau.
Les premiers cabriolets Stelvio par Bugatti.
Le modèle Stelvio est une des trois créations du bureau d’étude de l’usine qui propose pour 1934,une gamme unique de véhicules 4 places déclinée en Berline Galibier 4 portes, Coach Ventoux 2 portes et Cabriolet Stelvio 2 portes .
Le rythme de fabrication du cabriolet Stelvio débute en janvier 1934 par la construction du premier cabriolet, voiture à moteur N°6 ,plaque provisoire 57103 .
Le second cabriolet est notre véhicule 57109 à moteur N° 11 terminé fin mars, puis un troisième cabriolet 57128 moteur N°22 fin avril ,avant l’assemblage de quatre nouveaux cabriolets en mai, cinq en juin, trois en juillet, quatre en août, trois en septembre et un par mois d’octobre à décembre 1934,soit un total de 25 cabriolets Stelvio par Bugatti en 1934.
1935 voit la construction de 16 autres Stelvio par la carrosserie Bugatti et 3 dernières caisses sont réalisées en 1936, avant que les ateliers Gangloff de Colmar ne prennent la main définitivement sur la production des cabriolets sur châssis type 57.
Le tarif client des Stelvio est en 1934 de 80.000ff puis en octobre 1935 de 85.000ff , 83.000ff pour la berline Galibier et 82.000ff pour le coach Ventoux.
Au soleil de la ville blanche.
Exposition à la IIème Foire d’Alger 1934.
Le cabriolet 57109 doit être en vue des cotes algériennes vers le 30 mars 1934.Il est très attendu par le concessionnaire Bugatti algérois Sagnier car il sera exposé au salon de l’automobile qui se tient pendant la II ème Foire d’Alger du 24 mars au 9 avril 1934.
Le garage Sagnier sis aux 58-60 rue Michelet à Alger est fondé en mars 1914. Il est concessionnaire Cottin-Desgouttes, Bugatti, puis Talbot. Au décès d’Henri Sagnier le 25 novembre 1933, sa veuve prend la direction de l’affaire avec leur fils unique Valentin.
Mme Sagnier a reçu longuement le Gouverneur général sur son stand le jour de l’inauguration.
Le numéro du 14 avril 1934 de l’hebdomadaire « L’Afrique du Nord Illustrée » comporte un reportage sur la Foire d’Alger et le salon automobile .
Deux clichés du stand Bugatti-Talbot de la maison Sagnier sont publiés et découvrent le cabriolet 57 Stelvio aux roues rudges laquées de noir ,caisse en deux tons , flasques recouvrant les roues arrières et probablement rouge et noire avec capote en coton blanc.
Ce cabriolet moteur N° 11 est équipé d’un pare-chocs simple lame en forme de parenthèse, à la différence du premier cabriolet, voiture moteur N° 6, sorti de la carrosserie le 24 janvier 1934 ,et qui sera utilisé par Friderich au rallye du Maroc en avril ,équipé d’un phare central et d’un pare-chocs à deux lames horizontales.
L’article est ainsi libellé :
« Le grand constructeur de Molsheim, dont les Etablissements Sagnier sont les concessionnaires, expose un magnifique cabriolet sur châssis touriste 19 cv,3 litres 300 à double arbre à cames .Une merveille de mécanique. Avec son dernier modèle cité, les performances effectuées à Monthléry , à 152 kilomètres 700 de moyenne, ont été réalisées avec le type de voiture livrée à la clientèle. »
Il semble que cette première Bugatti 57 vendue sur le sol algérien ait été utilisée par Sagnier lui-même ,et le nom du premier propriétaire algérois ne nous est pas connu, mais la plaque d’immatriculation originale a pu être identifiée : 5033 AL 13.
Un second cabriolet Stelvio, châssis 57129 est convoyé début novembre 1934 par Robert Aumaitre à Marseille pour le pilote Soulié ,client de Sagnier et facturé 58.784 ff .Cette voiture est équipée de roues flasquées. Un troisième cabriolet 57,réalisation de Gangloff en 1937 pour un client de Tipaza qui le conservera jusqu’en 1950.Le soleil d’Algérie favorise la vente de voitures découvrables, neuves et en provenance de la métropole.
Seconde vie en Nouvelle Aquitaine et aux bords de Loire.
Le cabriolet revient en métropole au printemps 1947.
Le dernier propriétaire algérien l’avait acquis le 5 février 1947.
Le 22 mai 1947 ,le véhicule est enregistré à la préfecture de la Vienne sous le numéro 3030 ZH4 au nom de Norbert LLEDO,Fruits et Primeurs,1 rue Grandin à Châtellerault .
Il existe un Norbert Lledo originaire de Kolea à quarante kilomètre d’Alger. S’il est bien notre homme, il a surement ramené la Bugatti avec lui en quittant l’Algérie.
Un an plus tard, le 3 aout 1948 , le cabriolet est revendu à un médecin du nom de Pierre MARIE domicilié dans le petit village de Saint Romain sur Vienne près Dangé.
Pierre MARIE (1910-1983).
Le Dr F-Pierre Marie, né en 1910 à Briançon d’un père médecin major au 159 ème R.I et originaire de Tours.
Il se marie dans cette ville en été 1932 et soutient sa thèse en 1935.Il est un ancien interne des hôpitaux de Tours. Pierre Marie exerce d’abord avant-guerre dans le village de Thilouze près de Chinon ,puis à St Romain près Dangé et comme assistant à l’asile pour enfants Gatien de Clocheville à Tours dans lequel on inaugure entre 1947 et 1948 une unité moderne de 23 berceaux et d’un lactarium . P.Marie décède dans son petit village de Dangé en janvier 1983.
Le 2 décembre 1948, la Bugatti est acquise par Jean-Pierre CHEVALIER, dentiste,17 rue Charles Gide à Poitiers.
Pierre Jean CHEVALIER (1913- 1999).
Pierre, Jean, Jacques ,Michel Chevalier est né à Poitiers en novembre 1913 ,il est le fils d’une modiste et d’un représentant de commerce unis en 1905 et séparés dès 1921 .La mère élève Jean et sa sœur ainée Michèle avec l’aide de ses soeurs venues habiter l’appartement de la rue du Chaudron d’Or. Jean y est domicilié jusqu’ en 1931 au moins.
Il se marie à Poitiers en octobre 1944 et reprends le cabinet dentaire de Marcelle Tessier au 17 rue Charles Gide. Divorcé une première fois en 1958, il convole dans la foulé pour un second divorce en 1968. J.Chevalier exerce jusqu’en 1975 . Il décède à Poitiers en mai 1999.
Le 24 juin 1952,la voiture quitte le Sud- Ouest pour la région d’Orléans.
Elle est immatriculée sous le numéro 659 AF 45 au nom de Georges METZ, Directeur d’usine, à « la Fougère » commune d’Olivet.
Georges METZ (1907-1973).
Georges Prosper Auguste Metz est né à Strasbourg le 27 septembre 1907.
Sa famille possède une fabrique de bougies dans la cité alsacienne, du nom de « Bougies X.A.METZ SA ».
Elle fut construite en 1890 par Xavier - Auguste Metz ,le grand père de Georges.
Ce dernier fit ses études au collège de Strasbourg avec Jean Bugatti qui était de deux ans son cadet.
Ils resteront toujours amis.
En 1922, son père veut s'éloigner de l'entreprise familiale et trouve un travail similaire à Orléans, se portant acquéreur d'une usine de blanchissement de cire dit « cirerie » au lieu -dit « La Fougère » dans une forêt près du village d'Olivet.
L'entreprise portait le nom de « Ets CHALON- DESFORGES ».
Georges Metz quitte l'usine. Il va s'occuper d'un garage dans la banlieue de Paris à Saint Ouen avant de retourner à Olivet se marier en décembre 1933 peu de temps avant la mort de son père.
Il deviendra le directeur de l'usine jusqu'à son décès en février 1973.
Georges Metz possédera de nombreuses Bugatti ,de sa Brescia acquise en 1929 à l'Atalante 57570, en passant par un roadster 55,un Type 46 et deux Type 49 dont une conservée jusque dans les années soixante.
Selon les souvenirs de son frère Pierre, toutes étaient des voitures d'occasion.
G.Metz conserve son cabriolet 57 pendant six ans, et le revend le 27 mars 1958 à Robert HABIB, domicilié à Aire sur Adour.
La Bugatti reçoit la plaque 250 BM 40 .
Robert HABIB (1924-1968).
Robert ,Raphael ,Moise Habib, né en août 1924 à Neuilly sur Seine ,est le fils d’un négociant d’origine turque ,Jacques Habib, associé avec son frère Albert dans l’exploitation d’un fond de commerce de perles fines et pierres précieuses, dont le siège social est au 22-26 rue Lafayette à Paris.
Son enfance se déroule entre Neuilly et le 12 de l’avenue d’Eylau ou les deux frères Habib ont installé leurs familles de trois enfants et une dizaine de domestiques. Robert est ainsi proche de son cousin, le cinéaste Ralph Habib (1912- 1969) qui dirige l’Aéroclub du Cinéma à Paris dès 1946 .En 1947 Robert poursuit son entrainement au sein du club. Ils passent ensuite au Club André Ager dont Robert devient le responsable de la commission des vols à moteur. En 1952, il est pilote au centre de vol à voile de Beynes dans les Yvelines. En 1954 au départ de cet aéroclub, R.Habib parcourt 500 km jusqu’à Portets en Gironde. ll participe sur Breguet 901 aux huit jours d’Angers réservés à cette discipline en 1959.Il fait alors déjà partie de l’Aéro Club d’Aire sur Adour. Il écrit de nombreux articles sur l’aviation en général dans la revue « Les Ailes »au début des années soixante. En 1967 ,il fait partie du groupe d’études Georges Payre qui étudie un planeur à grande diffusion . Il commence l’étude mais décède dans un accident de voiture à Saint Cloud le 21 mars 1968.
Nous avons pu retrouver celui qui acheta la voiture à Habib vers 1960.
Gérard le Breton est un fringant collectionneur de 93 ans.
Il est né aux Sables d’Olonne le 13 février 1929, de parents originaires de Vendôme dans le Loir et Cher. La famille arrive dans les Landes au moment de l’exode.
Il bien voulu nous confier ses souvenirs liés à l’automobile :
« Je suis né en 1929, mon père me destinait à la médecine, mais en cinquième année de faculté j’abandonnai pour me consacrer à ma vrai passion, pour une autre mécanique.
Je serai d’abord mécanicien automobile, puis travaillerai au laboratoire « Clin - Byla » qui deviendra Sanofi. J’ai pris ma retraite le plus tôt possible afin de refaire de la mécanique.
Ma première Bugatti fut un type 40 torpédo GS, acheté au début des années cinquante. Il partait à la casse chez Guttierez, ferrailleur de Mont de Marsan. La voiture n’était pas vilaine, j’ai roulé un peu et l’ai revendue trois semaines plus tard sans l’avoir mise à mon nom, car je manquais d’argent à cette époque.
La seconde fut un Ventoux première série, acheté à un médecin de Haubourget dans les Hautes Pyrénées. Il marchait mal, le mécanicien local l’avait révisé sans succès. Il fallait revoir encore le calage de la distribution. Je l’ai peu gardé et pas mis à mon nom. Je l’ai revu ensuite à l’hôtel du Commerce d’ Aire sur Adour, tenu par Mr Habib. Il y avait eu une inondation et la Bugatti avait de l’eau jusqu’aux marchepieds. La caisse était de couleur grise verte métallisée.
Le troisième fut le cabriolet 57. Je ne l’ai pas trouvée, on me l’a apportée !
Un samedi soir, vers minuit, un type qui pouvait encore être Habib, coule une bielle sur sa Bugatti en traversant Mont de Marsan. Seul le dancing « le Midou » était ouvert à une heure si tardive. Le gars partait travailler à Paris chez Dassault. On me téléphona de la boite de nuit car on savait mon intérêt et mes compétences pour ce genre de véhicule. L’affaire s’est conclue au bar. Je lui achetai la voiture pour la somme conséquente de 30. 000.ff. En échange je lui fournissait aussi une autre voiture pour rallier la capitale.
Je m’occupais de la restauration mécanique. Le moteur fut refait à neuf, je trouvais à Paris un jeu de pistons neufs d’époque.
Le rectifieur de Mont de Marsan m’a déconseillé de rechemiser les cylindres. Je changeais les soupapes ainsi que les pignons de distribution. Je révisais l’embrayage et la boite. Le pont était en bon état. La caisse aux ailes noires et découpe bordeaux était très bien conservée. L’intérieur en cuir fût changé car il était abimé. La sellerie en cuir Connolly fut confiée à l’atelier Dargelos de Mont de Marsan. La capote était de couleur noire, et les roues gris métal ne furent jamais chromées.
A cette époque, personne ne voulait de Bugatti car elle consommait trop et avait la réputation d’une bête à chagrin. Mais mon cabriolet 57 n’est jamais tombé en panne .Je ne l’utilisais pas pour de longs trajets. Quelque cent kilomètres pour me rendre au bord de la mer. La voiture provoquait des attroupements lors des arrêts et certains badauds se permettaient même de s’assoir à son bord.
J’ai acheté toutes les voitures qui me faisaient plaisir, et agrandis mon garage plusieurs fois.
Un Mr Lucas, qui était très gentil voulut absolument que je lui vende ma Bugatti. Je lui ai fait essayer « Je suis un ancien pilote automobile me dit-il, j’ai essayé toutes les Bugatti 57 qui sont à vendre actuellement et aucune n’est réglée comme la vôtre, il me la faut .Il est revenu deux ou trois fois, et la dernière fois me dit qu’il resterait chez moi tant que je ne lui aurait pas vendue. Il est arrivé avec son épouse en camping car et s’est installé à l’orée de mon petit bois de pins .Ils sont restés une semaine ,je les invitais pour le déjeuner .Enfin ,je consentis à lui céder le cabriolet. »
Le Bugatti Register publié par H.G.Conway en 1962 liste la Bugatti 57109 comme Cabriolet 2 portes quatre places,en indiquant les immatriculations 659 AF 45 et 250 BM 40 au nom de : » Gilbert ( erreur il faut lire Gérard son frère)Le Breton,1 bis Avenue du 34 ème R.I à Mont de Marsan. »
Le véhicule est mentionné comme ayant auparavant appartenu à Habib d’Aire sur Adour.
Depuis janvier 2000 la voiture est au sein de la collection J.Lucas à Cisse près de Poitiers.
Jacques LUCAS (1921-2005)
La cabriolet Stelvio est immatriculé dans la Vienne sous le numéro 1397 TK 86 le 13 janvier 2000.
Jacques Lucas était un passionné de courses automobiles, et participa à de nombreux rallyes sur Aston Martin et courses de côtes en Berlinette et Monoplace Alpine, en écumant tous les circuits de France et jusqu’en Belgique.
J.Lucas fait refaire peinture et intérieur.
Les travaux de carrosserie sont confiés à un atelier de Poitiers qui mets à blanc la carrosserie avant de repeindre la caisse en restant dans les coloris antérieurs. Lucas installe de grands avertisseurs chromés et des phares longue portée. La sellerie est aussi confiée à un artisan local pour être refaite à neuf ainsi que les moquettes.
La Bugatti n’est utilisée que pour des sorties et rallyes locaux , et au décès de son propriétaire en novembre 2005, l’auto est remisée dans de bonnes conditions de stockage.
L’analyse du véhicule :
L’examen du Cabriolet dans les locaux de la maison Osenat en novembre 2022 ,montre un véhicule ayant conservé la totalité de ses composantes mécanique originales.
La carrosserie est en très bel état d’origine et les boiseries ne semblent pas avoir subi de dommages. Les ailes avant sont plus enveloppantes que le dessin original vu sur la voiture à la Foire d’Alger en 1934, mais il était de bon ton de moderniser les lignes des véhicules à la fin des années trente.
La plaque châssis originale est gravée « 57109 19 cv Bas Rhin » et rivetée au tablier.
Le cadre original porte le numéro 7.
L’essieu avant, ne semble pas numéroté, mais il est du rare premier modèle en deux parties manchonnées. De nombreuses 57 de la première série sont retournées à l’usine pour recevoir un nouvel essieu en une partie. Le cabriolet 57109 a conservé cette rare spécificité des modèles 1934.
La patte arrière gauche du carter moteur porte le numéro 11.
Le corps de la boite de vitesse est numéroté 11.
Le pont arrière au rapport gravé 12X50, porte le numéro 11.
Le tableau de bord est conforme au premier modèle équipé d’un grand compteur de vitesse Jaeger à fond noir gradué jusqu’ à 170 km/h et comportant quatre petits indicateurs pour la contenance du réservoir, la température d’eau, la pression d’huile et l’ampèremètre.
Parmi les 25 cabriolets Stelvio réalisés par la carrosserie Bugatti en 1934, première année de leur production, seuls 9 ont survécu.
Le Cabriolet 57109, est le plus ancien conservé en collection, et sans doute l’un des rares qui possède toute sa mécanique originale ainsi que ses boiseries et sa carrosserie.

